Fonds Africa 50: Des retombées encourageantes

Fonds Africa 50: Des retombées encourageantes

L’Assemblée générale annuelle 2024 des actionnaires d’Africa50 s’est tenue le 19 septembre dernier à Antannarivo à Madagascar.  Il s’agit de la plateforme d’investisseurs mise sur pied par des Gouvernements africains et la Banque Africaine de Développement, pour accompagner le financement  des infrastructures.  Le Cameroun, actionnaire de cet outil était représenté à ces travaux par le Ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, Alamine OUSMANE MEY. Les principaux acteurs se sont félicités des retombées de cette initiative au bout de sept années d’existence.  En effet, d’après le Directeur Général d’Africa50, l’institution avait investi dans des projets d’infrastructures clés, notamment l’énergie, les infrastructures, entre autres.  Le MINEPAT, de retour de ce rendez-vous annuel, a accordé une interview à Cameroon.


Monsieur le Ministre, vous avez représenté le Cameroun à l’Assemblée générale des actionnaires du Fonds Africa 50 le 19 septembre 2024 à Antannarivo Madagascar. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

C’est juste, le Cameroun en sa qualité d’actionnaire fondateur a pris part à cette importante rencontre sous la présidence de S.E. Andry Rajoelina, chef de l’Etat malgache et en présence du Dr Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), par ailleurs président du conseil d’administration. Il s’agit d’une réunion statutaire ayant mobilisé les représentants de 32 pays, de deux banques centrales et de la BAD. Il faut dire que le Fonds Africa 50 a débuté ses activités il y a sept ans. Il compte aujourd’hui à son actif, 25 projets dans 28 pays. Les principaux secteurs d’intervention sont les infrastructures, à savoir l’énergie, le transport, les NTIC, et plus récemment la santé. C’est un positionnement stratégique délibéré au vu des besoins en investissement sur le continent africain et du gap de financement constaté. Il faut entre 120 et 160 milliards de dollars par an.


Parlant d’infrastructure sur le continent, comment le Fonds Africa 50 peut-il aider les Etats à rattraper leur retard ?

Je dois tout d’abord relever que l’Afrique s’emploie à construire un cadre de prospérité inclusive en faveur de sa population qui va représenter le quart de l’humanité à l’horizon 2050. Avec la Zone de libre échange continentale, l’Afrique aura le plus vaste marché unique. N’oublions pas que plus de 60% des terres arables du monde sont en Afrique et d’importantes ressources naturelles ne sont pas encore exploitées. Autant d’atouts pour envisager une véritable transformation structurelle de nos économies vers un développement durable. Toutefois, l’équation majeure à résoudre est celle des infrastructures. Dans ce domaine les problématiques sur l’énergie, le transport sont au cœur des préoccupations en matière de politique publique. Leur résolution est essentielle pour libérer le potentiel de croissance du continent. L’Afrique, il faut le dire, c’est 600 millions de personnes sans accès à l’électricité. L’Afrique c’est également des défis de mobilité et de connectivité. Ce n’est donc pas une surprise que les principales options stratégiques de développement de nos pays qui aspirent à l’émergence visent l’accès universel à l’électricité et l’équipement en infrastructures modernes. D’ailleurs l’Objectif de développement durable N°7 préconise un accès abordable et durable à l’électricité. Il faut pour cela d’importants moyens financiers souvent au-delà des capacités budgétaires des Etats.


Justement, en quoi Africa 50 pourrait servir d’alternative ?

Vous faites bien de vous interroger sur le rôle d’Africa 50 à ce sujet. Traditionnellement, les Etats font recours à leurs ressources propres générées par un taux de croissance important. Ce qui n’est pas le cas ces dernières années. En cause les crises multiformes. Le recours à l’endettement public fait face au risque de compromission de la soutenabilité budgétaire et la viabilité de la dette. C’est là où l’entrée en scène des Institutions comme Africa 50 est opportune et justifiée. Elles permettent à l’Etat de réaliser les infrastructures prioritaires de développement sans impacter l’endettement public. En plus de mobiliser les ressources financières nécessaires du secteur privé, Africa 50 joue également le rôle de catalyseur auprès des autres partenaires financiers. Je me réjouis de pouvoir indiquer que le projet d’aménagement du Barrage hydroélectrique de Nachtigal fait partie des opérations soutenues par Africa 50 à qui l’Etat a cédé 15% de sa participation initiale au capital. Nous avons ainsi pu mobiliser dans le cadre d’un partenariat public-privé onze institutions financières de développement et quatre banques locales qui ont ensemble réuni 1,2 milliard de dollars. Cette infrastructure va à terme avec 420 MW contribuer à plus de 25% de la capacité de production en électricité dans notre pays et améliorer le mix énergétique national.


Africa 50 est-il bien outillé pour accomplir cette mission ?

Oui, je pense que ce Fonds d’investissement présente d’importants avantages susceptibles d’en garantir le succès et obtenir l’impact recherché. La structuration d’Africa 50 en Fonds de développement de projets d’une part et en Fonds de financement de projet d’autre part, assure une préparation optimale des projets avant leur financement. C’est un avantage majeur quand on imagine la qualité des projets et les coûts de financement liés à la perception du risque dans notre environnement.Je dois également saluer innovations de Africa 50. A travers le recyclage d’actifs, nos pays sont à même de monétiser d’importants investissements réalisés antérieurement pour poursuivre les opérations dans les secteurs sociaux avec les ressources libérées. Dans le domaine de l’énergie, ce fonds vient de démontrer que la construction des lignes de transport d’électricité peut également se faire par des financements privés.

Toujours en matière d’innovation, Africa 50 a réussi à mobiliser les institutions africaines parmi lesquelles les fonds de pension, les sociétés d’assurance et de prévoyance sociale pour mettre à disposition du Fonds d’accélération du financement des infrastructures en Afrique 222,5 millions de dollars. Il s’agit du premier closing sur un objectif global de 500 millions de dollars. Ce sont des résultats très encourageants. Le potentiel est, je dois le dire, immense car ces institutions détiennent plus de 2300 mille milliards de dollars d’actifs selon la BAD dans le monde.


Après sept années d’activité, quel bilan peut faire l’actionnaire Cameroun ?

Je dois reconnaitre pour le saluer que les résultats atteints en si peu de temps sont exceptionnels. Des actifs sous gestion de plus de 8 milliards de dollars. Le portefeuille compte 25 projets et trois sorties réussies ont été enregistrées. Le taux de rendement interne se situe à 10,9% et pour l’exercice clos le 31/12/2023 la société va distribuer des dividendes aux actionnaires. Le Cameroun attend environ 200 000 dollars. En plus de cette performance financière remarquable, les projets réalisés avec le soutien d’Afrique 50 vont contribuer au plan économique au renforcement de la croissance, au plan social par la création d’emplois. Avec plus d’énergie, la transformation structurelle et l’industrialisation peuvent se poursuivre aisément et les conditions de vie des populations vont certainement connaître une nette amélioration.


Quelles sont à votre avis les perspectives ?

D’abord, je voudrais reconnaitre la pertinence des choix stratégiques de notre pays, conformément à la volonté du chef de l’Etat. Cette vision a fait du Cameroun un actionnaire majeur d’Africa 50. Les réalisations au crédit de ce fonds lui donnent dorénavant une place de choix parmi les acteurs du financement non souverain des infrastructures en Afrique. Naturellement, nous encourageons les institutions financières présentes sur le continent à l’accompagner en mobilisant l’épargne africaine pour financer l’infrastructure africaine. Le Cameroun, après l’expérience remarquable de Nachtigal compte entre autres sur Africa 50 pour l’accompagner dans l’atteinte des objectifs de la SND 30. A cet égard, nous comptons poursuivre les discussions avec nos partenaires pour la réalisation du Barrage de Kikot (500 MW) et Grand Eweng (1000 MW) et bien d’autres projets dans ce secteur pour atteindre 5000 MW en 2030.

Le Cameroun s’est fixé l’ambition de devenir un hub énergétique en Afrique centrale pour accompagner la transition énergétique de la sous-région. Des opérations d’interconnexion des réseaux sont actuellement en cours. Nous allons également explorer les possibilités de recyclage d’actifs afin de créer des marges de manœuvre budgétaire conséquentes. C’est dire que les perspectives de nos relations avec Africa 50 augurent des développements importants pour le bien de l’économie camerounaise et partant celle de la sous-région. Africa 50 est en voie de devenir l’un des principaux gestionnaires panafricains d’actifs d’infrastructure.

Propos recueillis par ANN

Cameroon Tribune

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